Venera Battiato, danseuse, conteuse, fondatrice de la compagnie Volte face

est née sur les pentes de l’Etna, près de Catane. Quand ses parents quittent la Sicile, elle a trois ans. Elle arrive en Lorraine, à Joeuf en Meurthe et Moselle.

 C’est des récits de son père qu’elle s’imprègne à distance de sa sicilianité.

Elle fréquente l’école De Wendel. A 18 ans, elle prend la nationalité française par naturalisation, obtient une bourse et quitte le bassin sidérurgique après un bac littéraire. Elle va à l’université à Nancy, et fait des études de lettres jusqu’à l’agrégation. Son sujet de maitrise : la sicilianité de Pirandello.  Elle passe un certificat d’histoire du théâtre et du cinéma, et c’est au cours Simon pendant une année et à l’école de trapèze de la rue Montorgueil à Paris qu’elle entreprend sa formation artistique.

Pour financer ses études elle travaille en tant que formateur FLE pour l’A.E.E. (association pour l’enseignement des étrangers) un travail qui la passionne, elle intervient en foyer et en entreprise.

A la fac, elle se lie avec un collectif d’artistes (écrivain, plasticien, photographe, metteur en scène, musicien). Ensemble, ils conçoivent un projet artistique et obtiennent une résidence de deux mois  dans les Landes financée par les affaires culturelles. Elle pratique le théâtre dansé dans deux pièces : une version réécrite du  Petit Chaperon rouge et des Souhaits Ridicules.

Au retour, elle est engagée par la Cie de Raymond Poirson : les Marionnettes de Metz et part en tournée pendant un an avec le Don Quichotte.

A Nancy, Venera Battiato rencontre Régine Drengwicz de l’école de Mary Wigmanauprès de qui elle se forme en danse contemporaine, entre dans sa compagnie et présente une création : Ecdysiès au Festival Mondial du Théâtre de Nancy initié par Jack Lang.  Au programme du festival Pina Bausch dans Café Muller, c’est fulgurant !  Elle va s’engager dans la danse, obtient une bourse, part à Paris et réussit l’entrée au Conservatoire des Arts du cirque, mime, danse pour un cycle complet.

A Paris elle côtoie le milieu de la post modern dance, se nourrit de nombreux spectacles et va pratiquer le contact- impro avec son fondateur Steeve Paxton.

 Elle continue sa formation en danse contemporaine, la pratique et l’enseigne.

Elle revient en Lorraine et crée le centre de Danse Isadora Duncan aidée par la municipalité et la région Lorraine, fonde la compagnie Espace Corps Energie : Créations, performances, ateliers de recherches chorégraphiques, cours, stages.

Participe aux rencontres chorégraphiques de Pont à Mousson. Rencontre  Andy De Groat, participe avec sa compagnie aux Estivades de Dijon et danse la chorégraphie « les Eventails ».

En 1984, elle donne naissance à un fils. Elle s’installe à Lyon (ville de la danse) et crée une nouvelle structure: Volte face, qui participe à différents événements : défilé de la biennale de la danse, créations civiles de Pierre Deloche…

De 1990 à 2011 elle partage son temps entre danse et enseignement, elle passe le CAPES, crée une classe danse, réalise de nombreux projets : café littéraire, Printemps des Poètes, produit un spectacle annuel mêlant poésie, théâtre, danse, conte. La danse et l’enseignement se nourrissent mutuellement.

Depuis une quinzaine d’années, elle revient à ses racines, la Sicile, la méditerranée, l’oralité. La parole vivante que lui a transmise son père, conteur spontané, sa naissance dans ce lieu mythique l’a tout naturellement poussé à cultiver l’acte de raconter. Sa rencontre avec Henri Gougaud a été déterminante.

Elle crée « L’ultima bumma »: ce récit de vie lui permet de partager cette histoire si particulière et si universelle à la fois, de l’émigration de sa famille. Racontée plus de 150 fois en France, Italie, Belgique, cette histoire peut être racontée en français et en italien et a donné naissance à un livre.

Membre de la SACD (Société de Auteurs et des Compositeurs Dramatiques), Venera Battiato a créé également:

Un entretien de 12 minutes réalisé par RTV  à l’issue d’une représentation à l’espace culturel de Rombas (Lorraine) en mars 2013, ponctué d’extraits du spectacle « l’Ultimma Bumma ».

« Un berceau balance, c’est ma mère qui l’actionne avec une ficelle attachée à son pied, pendant qu’elle coud. C’est moi qui suis dedans. Dans l’alignement de la rue, au fond, l’Etna, au sommet encore blanchi par les neiges de printemps. De l’autre côté, la mer. Trois ans là-bas, bambina, j’en garde les odeurs, le timbre de la langue sicilienne. Puis la Lorraine, mon père à l’usine. Il raconte la Sicile et le soir pour m’endormir des contes, tout en sicilien. En me faisant don de la danse, la déesse Terpsichore m’a en même temps apporté la joie de vivre. Pendant longtemps, c’est la danse qui me passionne et emplit toute ma vie. Puis l’enseignement, les lettres, l’écriture… et ma rencontre avec Henri Gougaud qui a été déterminante. Et le conte revient avec ardeur des profondeurs de mes racines. »
Venera Battiato