L’ULTIMA BUMMA raconte les jardins ensoleillés de Sicile,
le goût de l’olive et l’odeur du jasmin et puis le départ de la terre à l’usine, au pays noir des hauts-fourneaux, avec toujours l’amour de la vie.
Un spectacle de la Cie Volte Face écrit et interprété par Venera Battiato, accompagné en musique par Marc Séchaud
Merci à la vidéaste Catherine Demeure pour les montages.
Témoignages :
Sur une trame qui évoque le souvenir d’anecdotes personnelles de la conteuse, narratrice, d’évocations sensitives ou bien épiques (le départ), de nombreuses figures théâtrales viennent ponctuer le récit. Toutes les figures sont réunies en la personne d’Alfio qui est en fait le médiateur, le transmetteur de cette réalité passée de la Sicile.
La conteuse fascinée par ce père qui a forgé pour elle tout un univers, cherche à reproduire, recréer cette magie qu’il lui a transmise.
La Sicile est presque toujours vue des yeux du père ou de la petite fille. C’est donc un univers réinventé et déformé, comme les contes, du fait de cette transmission de bouche à oreille qui déforme la réalité.
La culture en Sicile se transmet par l’oral, les discussions sur la place et les spectacles. Le rapport à l’écriture n’est pas celui de la France de l’époque. Derrière ce spectacle, c’est sans doute, la nostalgie des conteurs, maîtres de la parole directe, qui est évoquée.
Il y a donc les expressions populaires du spectacle en Sicile: l’orateur communiste, le cantastorie, les marionnettes et aussi l’opéra et le désir d’Alfio d’accéder à la culture bourgeoise, aristocratique: Dante, Leopardi et l’opéra. Mais cette culture-là est surtout écrite.
L’opéra est entre les deux. En Italie, avec Verdi, l’opéra a trouvé une force politique réformatrice, le compositeur a su garder un caractère qui parle au peuple.
La scène c’est le lieu de l’extériorité, naturelle chez « le père », mais c’est aussi le lieu du prestige.
C’est aussi une force politique. Finalement, la question de la lutte des classes est plus fortement exprimée dans le passage de l’opéra sur la place Stanislas que dans les grèves ouvrières.
Il y a donc d’un côté le spectacle fascinant et heureux de la vie sicilienne et un autre spectacle qui est directement vécu en France par la conteuse, c’est celui de la lutte de classe. De classe de cours avec l’institutrice qui devient une actrice au service de l’endoctrinement patronal et aussi, les grèves. La maison de Prusse, n’est-elle pas une loge où le spectacle est le plus visible?
La conteuse endosse plusieurs rôles, celui de la médiatrice, elle rejoue son père et le fait revivre, l’immortalise à sa manière, puisqu’elle perpétue la parole. Elle est aussi spectatrice, chroniqueuse de la vie entre la Sicile et la Lorraine.
David Séchaud
https://cie-placementlibre.fr/
Venera Battiato est une bombe tendre. Elle réussit ce prodige, plus d’une heure durant, de faire de nous une famille de paysans siciliens émigrés en Lorraine ouvrière avec bagages, provisions et dans les yeux la vie pointue que rien ne peut désabuser. A elle seule, elle est la cour de la maison, la saveur de l’olive, la place du village, le voyage au long cours à travers l’Italie, le chapelet des gares, et Metz, au nord, là-haut, et l’école, l’usine, le père, l’opéra.
Familière, drôle, complice, émouvante et proche, si proche de nos saintes naïvetés, son épopée des pauvres est un de ces moments qu’on n’a pas envie d’oublier. Elle sait changer les mots en lumière, en caresses, en musiques.
Henri Gougaud, écrivain et conteur.
« Avec pudeur, audace et malice, vous avez su pincer les cordes du cœur »
« La précision du texte, le naturel de l’interprétation nous entraîne dans ce monde simple où l’on se sent bien. »
« Une heure de rire, de joie, d’émotion et surtout une sincérité étonnante. Bravo ! »
« Bravissimo ! Plein de sensibilité, de joie de vivre, super ! Merci pour ce moment de bonheur. Chacun y retrouve l’image et le charme de ses propres racines. »
« C’est doux, c’est chaud, ça éveille la curiosité et donne envie de soleil ».
« Merci pour ce spectacle à la fois tendre et joyeux. La meilleure façon de se souvenir, c’est de partager les moments forts de sa vie avec les autres ».
Hier soir, je suis allé voir un spectacle, auquel un drôle de cheminement m’avait conduit. Vous savez que j’admire Haroun TAZIEFF et qu’auprès de son fils, Frédéric LAVACHERY, je suis trésorier du « Centre Haroun TAZIEFF pour les sciences de la terre ». Or Haroun TAZIEFF s’intéressa beaucoup à l’Etna … d’où des liens étroits entre le CHT et les pentes de l’Etna.
Hier, donc, à Ecully, à quelques minutes de chez moi, Venera BATTIATO, née aux pieds de l’Etna et élevée à Joeuf, en Lorraine, au pays des de WENDEL, racontait sa vie et ses racines siciliennes qu’elle a intitulées « Ultima Bumma » (Vous pouvez trouver le texte de son spectacle, accompagné de photos et d’un DVD comprenant des extraits du spectacle aux éditions Volte Face. Vous trouverez aussi les dates auxquelles elle se produit en accédant sur son site http://www.venera.fr à l’onglet http://www.venera.fr/index.php/Prochaines-dates ).
Dire que je me suis régalé, serait bien plat par rapport à la réalité. Avec une remarquable simplicité, sans aucun artifice de costume ou de décor, juste accompagnée d’un musicien discret, sa voix, son regard, ses mains voletant autour de sa crinière rousse, Venera sait vous transporter de l’Etna au nord de la Lorraine ou dans le sens inverse.
Déracinée par l‘immigration du pays du soleil jusqu’au pays des hauts-fourneaux et des forges ? Non, plus que jamais ancrée dans ses racines, comme ces oliviers dont on sait qu’ils peuvent dépasser allègrement le millénaire. Et, en matière d’allégresse, y a-t-il plus belle expression de ce sentiment puisé au soleil de l’Etna, que l’attitude digne et joyeuse de son père qui ne regagnait sa Sicile natale, pendant les vacances, que pour s’y activer dans les champs qui s’accrochent sur les pentes fertiles du volcan, tout en y chantant les grands airs d’opéra ?
La phrase la plus impressionnante, prononcée par Venera durant ce spectacle, c’est celle par laquelle elle définit leur vie à Joeuf : « Dehors c’était la France … dedans c’était la Sicile ».
Le sort des dizaines de millions d’immigrés, en France comme ailleurs, venant du sud de l’Europe ou d’Afrique, d’Asie, de n’importe où, est ainsi caractérisé. Jamais l’immigré n’oublie ses racines … et heureusement pour ceux qui sont là depuis des dizaines de génération. Comment les immigrés nous enrichiraient-ils, autrement que par leur seule force de travail, s’ils oubliaient d’où ils viennent et de quelles valeurs spécifiques ils sont héritiers et porteurs ?
La pizza et le couscous sont aussi présents dans notre alimentation aujourd’hui que la potée auvergnate ou la quiche lorraine. Mais que seraient leurs apports à notre civilisation sans le soleil que les Siciliens gardent dans leurs yeux ou le respect de la vie que d’autres ont puisé dans des pays plus rudes que le nôtre ?
La grande leçon du spectacle de Venera est là et elle dépasse largement les rivages de la mer ionienne. Si vous en avez l’occasion, ne la ratez pas … elle vaut le détour.
Jean-Paul BOURGÈS 11 avril 2015